Peinture anti-Wifi, avec des vrais morceaux de crédulité dedans

le 30/12/2004, par Marc Olanié, , 501 mots

Force Field Wireless offre (façon de parler) à tous les paranoïaques craignant les Wardrivers et autres espions du sans fil, une « peinture bloqueuse de WiFi » , des papiers peints « verrouilleurs d'Ethernet sans fil » et des pochettes « anti-fuite secteur ». Au catalogue s'ajoute même du détecteur d'ondes malsaines et des « jeux de pinceaux spécialement étudiés pour appliquer la peinture anti-Wifi » dont-auquel au sujet qu'on vous cause ci-dessus et subséquemment. Un catalogue apparemment intéressant, mais qui ne manquera pas de soulever le sourcil aguerri des responsables réseau un tantinet soupçonneux (note du correcteur : un responsable réseau soupçonneux, c'est soit un truisme, soit un pléonasme.) - Si l'on souhaite « confiner » un réseau sans fil dans l'espace d'une pièce, pourquoi ne pas opter pour une technique réputée plus rapide, plus simple à mettre en oeuvre, plus stable et bien plus fiable en terme de « risques de fuites par rayonnement » (aka « Tempest ») et qui s'appelle le « câblage 100 Base T » ? - Pourquoi investir plus d'une trentaine de dollars pour acquérir un ondemètre à absorption moins efficace qu'un WiFifofum, un kissmet ou un NetStumbler ? - Faut-il véritablement être un expert en radio-électronique ou une ménagère accomplie pour estimer que le rouleau de papier alu de 25 pieds de long est vendu bien plus cher qu'au rayon « accessoires pour surgelés » de Messieurs Leclerc ou Bernard Dunand (Carrefour) ? A moins que l'on confonde allègrement le monde des réseaux professionnels et celui de l'agro-alimentaire, celui précisément où le papier alu, ben alors il est utilisé par les marmottes qui le plient autour du chocolat et qui .... - Que si, depuis des années, l'on conspue les ravages de la peinture au plomb, c'est une raison suffisante pour se poser des question sur la nature des métaux intégrés dans le fameux revêtement miracle qui capture les méchantes ondes qui ne pensent qu'à fuir - Qu'au prix du bâtonnet de ferrite (ce machin noir avec des bobines de fil que l'on trouve dans les récepteurs « ondes longues »), on « sent » que la « pochette à fil anti-rayonnements » mériterait presque d'être baptisée « pochette à fric anti-raisonnement ». Ajoutons que la fabrication de ce que les techniciens nomment une «self de shoke » se résume en quelques mots : bobinez votre cordon d'alimentation sur un tore Amidon. Mais cette recette appliquée aux câbles réseau Ethernet 1000 BaseT provoque, l'on s'en doute, une très forte dégradation du « diagramme de l'oeil ». En matière de réseau comme dans le domaine des transports ferroviaires, un train peut toujours en cacher un autre. Raison de plus pour se méfier des recettes miracles. - Qu'il se vend, en France, au Canada, en Belgique, en Suisse, et dans nos riantes provinces de Saint Pierre et Miquelon, de la peinture « noire pour rénovation de poêle à bois ». Et que ladite barbouille à base de poudre de carbone est souvent utilisée par les ingénieurs « hyper » dans le but de blinder le plus poreux des boîtiers en carton-pâte (testé avec succès par la rédaction de CSO Online jusqu'à 24 GHz). Bien entendu, le prix au litre est bien inférieur à celui proposé par Force Field Wireless.

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